...
Le lapin sous le bois s'ennuie . La pluie fine fait briller son poil de miel. Pas d'autres bruits que les goutelettes qui s'égrènent sur la peau tendue des feuilles.
Il soupire,
sautille trois fois d'un côté, quatre de l'autre côté.
Rien ne se passe, rien n'égaye son présent de lapin ... que le son monotone de l'eau . Cela fait un moment que ça dure . Il sent l'humidité maintenant qui transperce son épais manteau .
Rien .
Rien d'autre que la morne chansonnette de la bruine qui opacifie le sous-bois.
Sur sa gauche il y a un grand et large champignon : en deux sauts de puce il le rejoint et s'abrite sous le dais de lamelles veloutées.
Il se recroqueville, gonfle son poil humide, se fait pelote de laine, planqué sous l'elfe caoutchouc.
Le lapin sous le bois attend, renifle et ferme les yeux.
L'averse a réveillé les parfums du champignon et ses effluves entêtantes endorment le lapin ... qui disparaît dans un rêve étrange.
La pluie crépite sur le chapeau de fortune.
ça crépite dans le cerveau du lapin.
Des échalotes sautillent dans l'huile chaude et dorée .
Il y a aussi des champignons.
ça grésille .
Puis lui-même se retrouve au beau milieu, nu et tremblant. La chaleur bientôt l'envahit, c'est agréable .
Finalement, ça picote, ça mordille , ça le saisit d'effroi ...
Le lapin ouvre les yeux , la pluie s'est arrêtée ... bigre, il est passé à la casserole ...
Ce serait une belle fin pour le lapin qui aurait eu une vie heureuse à la ferme. Ca marcherait aussi avec poules, dindes, vaches et moutons, mais pas avec le chat. Le squelette ? Et la tête, et la tête... alouette... C'est ça que c'est ?
RépondreSupprimerCruelle fabulette !
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