(27) Loin . souvent, je rêve que je pars loin, je maîtrise la téléportation et dans un soupir je peux m'évanouir ici et apparaître là, flotter dans le ciel de contrées lointaines, sauvages, invisibles . Je rêve souvent du lointain, je voyage ainsi loin loin loin et ce loin ressemble à mes rêves, il ressemble à des mots que d'autres ont écrit à son propos, parfois il y a si longtemps, que ce loin-là n'existe plus . la plupart du temps, je vais loin sans bouger d'ici, par paresse, par peur un peu, par éthique aussi. je regarde les avions, je regarde les oiseaux, je regarde les mots de loin.
Loin n'est pas forcément à l'horizontal, c'est parfois à la vertical . J'y vais facilement, sous terre (28) . avec des crayons, des pinceaux, de la peinture, je vais sous terre en moins de temps qu'il ne faut pour aller loin.
Ce sous terre là peut être très beau, un peu féérique , une bonne lumière, quelques gisants tranquilles et ce loin-là sera très tendre.
(crypte du château de Pierrefond)
Ce lieu, cette image volée l'été dernier, me ramène vers un film (29) - le premier film que j'ai vu . Peau d'âne de Jacques Demy. les couleurs. ce film c'est mon loin, mon sous terre, ma douceur, mon enfance en entier contenu dedans, mon père l'enchanteur, ma mère la magicienne, Tristan et Yseult, croquechou le lapin, la pièce des costumes, les lumières sur la scène, les soirées dans les bois . Peau d'âne me met en joie, ma madeleine et le sous-texte/sous-terre ode à la liberté.
Douceur du (30) dans la maison, arrivé d'on ne sait où, sans doute du déjà lointain été, un papillon pimpant et bien vivant et dans ma main il se pose .
Nous voilà dans le dernier jour de cet an-ci, un jour qui s'étire comme un chat au soleil, mais ici, ciel velours, gris, lilas, quelques trouées de bleu, le ciel est une passoire, j'entends les moineaux, le merle, une tourterelle. des gens rient et parlent fort dans un jardin voisin. la cloche de l'école d'à côté égrène les heures. rien ne bouge vraiment. si je me concentre vraiment, j'entends mon coeur, peut-être même le sang dans les artères, et les navires à grandes voiles qui voguent dessus. si je tends vraiment l'oreille, j'entends les marins qui chantent une chanson à boire . Résolution (31) du problème : pour voyager loin, j'écoute mon intérieur pour mieux voir l'extérieur. Margaret, elle, a créé son premier oeuf.
à chacune, à chacun, Margaret / Henriette / mes marins intérieurs / mes rêves minuscules de lointain, de dessous la terre mais l'oeil à l'aguet des trouées du ciel, nous vous souhaitons un bel an nouveau , frais, réfléchi, plein, généreux et ouvert vers l'autre et l'ailleurs, ici et maintenant.
Si beau, si proche et si loin... Peau d'Âne, merveilleux, les croquechou chez nous aussi, merci pour ce billet.
RépondreSupprimerQuel bel égrénage du défi de la marraine... Si loin, si près... un voyage.
RépondreSupprimerMerci d'avoir joué le jeu, bien mieux que moi. bonne année Madame Alfred!
RépondreSupprimer"je maîtrise la téléportation et dans un soupir je peux m'évanouir ici et apparaître là, flotter dans le ciel de contrées lointaines, sauvages, invisibles ."
RépondreSupprimerEn lisant ça, j'ai tout de suite pensé "Beam me up, Scotty !"
C'est bête, hein ?
@ Marraine : je me suis amusée, même en pointillé ; c'était comme retisser une petite toile légère. Bonne année à toi aussi (malgré, bien que , parce que).
RépondreSupprimer@u Goût : pas si bête . C'est à cela que je pensais en écrivant - un vieux rêve d'enfant ou la marque indélébile du temps (très) lointain où je regardait encore la TV .