j'ai taillé en tranches bien nettes le tout petit chou, blanc-de-vert, frisé légèrement, que Pierre m'a donné quand nous chargions les cageots dans la camionnette - tiens, tu veux un petit chou ? oui - jeté dans la pointe de beurre qui grésille zzzzzzzz . et . le jus des lentilles-saucisse du midi . et finalement une pomme de terre en petits dés . et même . une grosse poignée des toutes petites pâtes comme des coquillages nacrés , celles de la coop sous le soleil vénitien quand nous arpentions les rayons eux et moi des trésors des trésors nous disions-nous des trésors mieux que les verroteries madeinchina la pâte d'ail les câpres au sel les petites pâtes comme des coquillages délicats . et . encore . le petit morceau de fromage , celui qui pique un peu. j'ai hésité à croquer le bout impossible à râper sans râper les doigts - le morceau qui reste toujours à la fin si tu râpe main - parce que . je le sais . il pique ce vieux fromage - même les jeunes , de ce fromager-là, rien à faire, ils piquent , mais comment elle est sa cave, comment elle est sa cave, c'est pas possible cette queue pour mettre dans son frigo des fromages qui piquent . et . je l'ai croqué , j'ai pris le temps , pas avalé tout rond pour rien sentir, j'ai pris le temps d'écouter chaque micro sensation dans ma bouche , mais comment retranscrire ce piquant-là .
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