10 oct. 2015

velvet eye





je ressasse le même mouvement , cela ne mène à rien, cela me fatigue, il suffirait d'arrêter. il suffit, il suffit, il sut .
je repasse la même chemise, les vieux plis reviennent, rien à faire sinon s'entêter : je repasse la même chemise, je repasse le même vieux jour d'un bras à l'autre, je l'étire et il ne se déchire jamais. les mêmes vieux plis reviennent toujours. je pourrais le rouler en boule et le balancer au fond du panier à linge sale avec la chemise - une chemise de soie très douce aux vieux plis acérés qui déchirent la peau . mais non, je m'entête, je le repasse à l'endroit, à l'envers, j'écrase ses plis avec délectation et je les regarde renaître et boursoufler le jour. d'abord c'est fin, presque invisible, et délicat. et puis ça gonfle, ça ridule, le vieux jour qui tourne en rond ressemble à une pomme qui a perdu son eau. il ressemble aussi à la peau douce de la Nona, et presque j'aime ses rides profondes à ce vieux jour qui n'en finit pas de revenir. Si je me concentre, c'est un paysage, mille vallées profondes qui ne voient jamais la lumière du soleil sauf au solstice d'été.
Je balance le fer brûlant par la fenêtre, dans le brouillard d'octobre. la chemise est de la brume, le jour aussi, il n'y a plus de contours, pas de frontières, un mouvement diffus et permanent, un peu léger mais inéluctable.


sinon, j'ai une valise à faire
des bottes de caoutchouc à emporter
de quoi patauger sur les piccole piazze
j'emporte aussi des appareils photos
j'emporte aussi un carnet, des aquarelles
j'emporte sans doute des nuits sans sommeil
et encore 53 âmes
et encore de la brume sur la lagune

work in progress : grand verre bombé encore sans titre - la chemise  de soi (sans e) 

1 commentaire:

  1. Si je savais comment dire plus aisément, je laisserais plus souvent un commentaire.
    C'est beau une chemise vue par Madame Alfred.

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