23 juin 2015

les nuits blanches


un matin tu te réveilles avec le merle d'à côté.  un matin elle te saute à la gorge cette évidence. tu sais enfin nommer ce sentiment tapi dans tes entrailles, qui te tord parfois si fort les boyaux que tu ne sais plus ce que respirer veut dire. un matin malgré le merle l'évidence te saisit d'effroi, de soulagement sans doute. tu sais enfin ce qui vrille tes nuits depuis vingt ans. la culpabilité. elle brille, d'une splendeur sans pareille, tu hoquettes un peu, elle te caresse les cheveux, et tu sais enfin que c'est elle ce frisson dans ton dos, cette moiteur sur ta peau. elle te griffe. elle te lacère très doucement et désormais tu la vois. tu reconnais les traces des mots qui l'ont nourrie, tu reconnais les regards de ceux qui l'ont bercée, tu reconnais les doigts pointés, les regards en coin, les tout petits cailloux qu'ils ont glissé dans tes souliers en te disant que c'est toi qui ne savais pas marcher. un matin tu te dis qu'elle te pèse sur les épaules depuis vingt ans, et que maintenant ça suffit. un matin tu attrape le merle par le cou,tu tenterais bien de lui arracher les plumes, c'est elle qu'il faut arracher, lettre par lettre. tu n'es pas un assassin de corps, pas un assassin d'âme, pas un assassin. 

4 commentaires:

  1. Roh... maintenant que tu l'as trouvée, j'espère que tu sauras comment l'appréhender.

    RépondreSupprimer
  2. La culpabilité, lui tordre le cou... C'est toujours intéressant, le moment où l'on pointe la chose... ça avance...

    RépondreSupprimer
  3. wouahh, ça tue !
    très beau texte, hélas..

    RépondreSupprimer
  4. j'espère que la légèreté est proche!

    RépondreSupprimer

Bonjour, merci d'être passé dans ma cabane virtuelle . Si vous laissez une trace, je répondrais ici. A bientôt